La thérapie de couple est-elle une solution pour régler ses problèmes ?
Lorsque le couple va mal, les partenaires s'enfoncent souvent dans un labyrinthe de contradictions insolubles. Chacun, à l'affût des comportements négatifs de l'autre, devient aveugle à ce qui reste positif. Pourtant, ils hésitent à consulter un thérapeute de couple, soit parce qu'ils pensent que leurs problèmes proviennent uniquement du mauvais œil, de la sorcellerie ou de la possession, soit parce qu'ils craignent que cela n'entraîne l'implosion de leur union, soit parce qu'ils redoutent de dévoiler leurs problèmes personnels à un tiers
« Le seul moyen de mettre un terme à cette situation est d’introduire un élément étranger dans le système, explique Guglielmo Gulotta (auteur de Comédies et Drames du mariage, ESF), thérapeute de couple.
Le rôle du thérapeute est de déstabiliser les forces en jeu, d’installer un nouvel équilibre fondé sur de nouvelles règles. Chaque conjoint a alors devant lui un interlocuteur imperméable à ses manœuvres : celui qui s’enferme dans le silence devra s’exprimer. Tel autre, plutôt dans l’agressivité, sera ramené à sa colère. Ce tiers auquel les couples peuvent s’adresser est le thérapeute. »
1) Pourquoi une thérapie de couple ?
La thérapie de couple est une démarche répondant au désir de trouver des solutions et de quitter une souffrance.
Tout comme une personne en difficulté, en détresse, peut demander de l'aide avec un espoir légitime d'être secourue, un couple peut effectuer une telle démarche. Tel est le sens général d'une thérapie de couple.
Bien évidemment, je ne suis ni un avocat ni un juge. Je ne fais ni arbitrage, ni jugements. Je choisis souvent les outils de la thérapie comportementale pour mieux comprendre l’origine de la difficulté.
2) Comment se déroule une thérapie de couple ?
Les façons de faire et les techniques qu'emploient les thérapeutes de couple sont très variées. La plupart des thérapeutes de couple exigent que les deux membres du couple soient présents à chaque séance. La façon d'organiser la parole dans les séances varie selon le type de la problématique.
Ma formation comporte de nombreux apports théoriques et techniques me permettant de ne pas prendre parti pour l'un contre l'autre. Loin de l’esprit d’un juriste ou d’un plaideur, j’évite le rôle d'arbitrer ou de juger. Car ce type de fonction est mieux assumé par un avocat ou un juge.
Je peux dire, en résumé, que je suis au service de projet du couple, que les deux partenaires auraient idéalement défini avant de venir me voir.
Peut-on suivre une thérapie individuelle en même temps qu’une thérapie de couple ?
Tout dépend des problèmes qu'il faut traiter. Il y a des cas où je me consacre exclusivement à l'accomplissement d'une seule thérapie à la fois et il y en a d’autres où j’estime, au contraire, qu'une thérapie individuelle est nécessaire pour l'un ou l'autre des membres du couple afin de mieux compléter le travail de la thérapie du couple. (Avec une Roqya complète dans le cas échéant)
Les bienfaits
La thérapie de couple invite, quel que soit le nombre d’années de vie commune, à regarder différemment son partenaire. A s’entendre dire les mots que l’on avait du mal à formuler, à comprendre des attentes intimes, à exprimer des désirs enfouis. On y réapprend à se parler et à s’écouter. De nombreux thérapeutes, d’ailleurs, filment les séances pour que les protagonistes prennent conscience de la distorsion qui a pu s’installer entre leurs gestes, leurs attitudes et leurs mots : il devient possible d’aller au-delà de l’apparence.
On avouera, par exemple, que si la femme reproche à son époux de sortir avec ses amis, c’est parce que, dans le fond, elle a le sentiment qu’il ne la regarde plus. On pourra aussi entendre le mari préciser que, s’il ne parle jamais de son travail à sa femme, ce n’est pas par mépris, mais pour ne pas l’inquiéter…
Le paradoxe d’une thérapie réussie
Si la thérapie permet au couple de remettre à jour le contrat de vie à deux, il arrive qu’elle en scelle la fin. « Lorsque ma femme et moi avons entamé une thérapie de couple, nous vivions ensemble depuis 30 ans, raconte Ali, 56 ans. Nos enfants étaient sur le départ et j’appréhendais de me retrouver seul avec elle. Nous avons décidé de faire une thérapie pour voir sur quelles bases nous pourrions retrouver une vie commune. Nous nous sommes aperçus que nous avions cheminé sur des voies parallèles, sans nous rendre compte qu’elles s’éloignaient l’une de l’autre. Sans la thérapie, nous nous serions entre-déchirés. Grâce à elle, nous avons pu parler et comprendre que notre histoire était achevée. Nous avons pu faire le deuil de notre vie commune. Six ans après, nous sommes restés amis et nous nous voyons avec nos enfants et nos petits-enfants. »
Le paradoxe de la thérapie de couple réside en cela : elle peut être réussie et se conclure par une séparation. En revanche, elle échouera à coup sûr si l’un des deux partenaires refuse de jouer le jeu de l’écoute : malgré lui, lorsque ses blessures personnelles sont trop douloureuses ; à cause de lui, s’il n’a pas envie de sauver ce qui peut encore l’être. Là, réside la limite principale de l’exercice : pour réinventer une façon de vivre son couple, pour rendre du souffle à une histoire qui commence à en manquer, il faut toujours être deux.
Seul ou ensemble ?
Lorsque le couple est déséquilibré, la thérapie individuelle ne résout rien: le conjoint qui consulte n’est pas forcément celui qui souffre le plus. Cela peut même être une fuite, et le thérapeute, un objet de rivalité. Il est donc conseillé de consulter à deux. Certains thérapeutes commencent par voir le couple ensemble, puis les conjoints séparément. Mais chacun a sa méthode.